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St. John Lucas, comp. (1879–1934). The Oxford Book of French Verse. 1920.

François Villon 1431–?

33. Double Ballade

POUR ce, aimez tant que vouldrez,

Suyvez assemblées et festes,

En la fin ja mieulx n’en vauldrez

Et si n’y romprez que vos testes:

Folles amours font les gens bestes;

Salmon en ydolatria;

Samson en perdit ses lunetes.

Bien est eureux qui riens n’y a!

Orpheüs, le doux menestrier,

Jouant de fleustes et musetes,

En fut en danger de murtrier

Chien Cerberus à quatre testes;

Et Narcisus, le bel honnestes,

En ung parfont puis se noya,

Pour l’amour de ses amouretes …

Bien est eureux qui riens n’y a!

Sardana, le preux chevalier,

Qui conquist le regne de Cretes,

En voulut devenir moullier

Et filler entre pucelletes.

David le roy, sage prophetes,

Crainte de Dieu en oublia,

Voyant laver cuisses bien faites …

Bien est eureux qui riens n’y a!

Amon en voulst deshonnourer,

Faignant de menger tarteletes,

Sa seur Thamar, et desflourer,

Qui fut inceste deshonnestes;

Herodes—pas ne sont sornetes—

Saint Jean Baptiste en decola

Pour dances, saulx, et chansonnetes …

Bien est eureux qui riens n’y a!

De moy, povre, je vueil parler;

J’en fuz batu, comme à ru toiles,

Tout nu, ja ne le quiers celer.

Qui me feist mascher ces groselles,

Fors Katherine de Vausselles?

Noel le tiers est, qui fut là.

Mitaines à ces nopces telles,

Bien est eureux qui riens n’y a!

Mais que ce jeune bachelier

Laissast ces jeunes bacheletes,

Non! et, le deust on vif brusler

Comme ung chevaucheur d’escouvetes,

Plus doulces luy sont que civetes.

Mais toutesfoys fol s’y fya:

Soient blanches, soient brunetes,

Bien est eureux qui riens n’y a!